PETITS MAIS IMAGINATIFS


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Le 21 mars dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de la Francophonie, s’est tenue une table ronde en ligne organisée par le Pavillon des Comores de l’Exposition universelle de Dubaï. Après l’évocation des enjeux de la Francophonie, une dernière séquence a été consacrée à la « durabilité » à travers les défis à relever par les petits États insulaires en développement. Bonne manière de conclure cette exposition universelle qui fermera ses portes le 31 mars prochain.

Comme l’a indiqué Patrice Vermeulen, dirigeant du Cabinet VERT2MER CONSEIL, les petits États insulaires en développement (PEID) constituent, depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en juin 1992, un groupe à part parmi les pays en développement.  En effet, ces États ont des défis particuliers à relever en raison de leur isolement générant des contraintes de transports et des coûts d’infrastructures, de leurs ressources limitées provoquant des phénomènes de dépendance en matière économique et énergétique, de leur sensibilité aux catastrophes naturelles en raison de leur situation le plus souvent en zones tropicales, de l’expansion de leur population dans un espace limité entraînant une dégradation de l’environnement, le tout avec l’obligation d’assurer de nombreux services sans possibilité d’effectuer des économies d’échelle.

Pourtant, les petits États insulaires en développement, bien loin de devoir subir les difficultés auxquelles ils sont confrontés, peuvent et doivent être le moteur des solutions les plus à même de répondre à leurs besoins.

C’est la raison pour laquelle, parmi les 52 PEID recensés par l’ONU, 44 d’entre eux ont constitué l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS selon l’acronyme en anglais) grâce à laquelle l’année 2014 avait été proclamée « Année internationale des petits États insulaires en développement ».

Parmi les défis à relever, figure en bonne place le réchauffement climatique. C »est à l’initiative des PEID qu’a été mentionné, à l’issue de la 21ème Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) tenue à Paris à la fin de l’année 2015, la nécessité de « limiter la hausse moyenne de la température de la planète nettement au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et (de) poursuivre l’action menée pour limiter la hausse à 1,5°C ». En effet, cette dernière référence a été incluse à la demande des PEID menacés de submersion marine suite à l’élévation du niveau de la mer généré par le réchauffement climatique. Des solutions existent, jusqu’au déplacement des populations, comme envisagé à Miquelon où le village pourrait être reconstruit en hauteur.

En matière d’énergie, les îles ont toutes les raisons de s’affranchir des énergies fossiles, dont elles disposent rarement et qui sont coûteuses dans leur acheminement, au profit d’énergies renouvelables que la mer et le vent leur offrent à foison. De nombreuses initiatives ont été mise en œuvre notamment celle portée par l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) intitulée « SIDS Lighthouses ». Cette initiative réunit 38 PEID et 31 partenaires dont des pays développés, des organisations régionales et internationales, des agences de développement, des entreprises privées, des instituts de recherche et des organisations à but non lucratif. Ainsi, plus de 1,6 MW d’énergies renouvelables ont été installés dans les pays concernés entre 2014 et 2020, avec un objectif de 10 GW à l’horizon 2030.

Dans un autre domaine, en raison de leurs importantes zones économiques exclusives conférées par leur insularité, les petits États insulaires en développement disposent d’imposants domaines de pêche. Malheureusement, ils n’en tirent pas toujours le meilleur profit. Leurs flottes de pêche ne sont pas toujours adaptées tandis que d’autres États, avec ou sans leur autorisation, viennent littéralement piller leurs fonds sans qu’ils puissent effectuer un réel contrôle.

C’est la raison pour laquelle, parmi les 17 objectifs de développement durable (ODD) fixée par l’ONU en septembre 2015 figure l’objectif 14.7 visant « d’ici 2030, à faire mieux bénéficier les PEID … des retombées économiques de l’exploitation durable des ressources marines, notamment grâce à une gestion durable des pêches ». Ainsi, les cinq États membres de la Commission de l’Océan Indien (COI) ont-ils mutualisé leurs moyens pour se réapproprier leurs eaux ?

En illustration de ce panorama non exhaustif, Fatouma Abdallah, « Madame Durabilité » de l’Union des Comores, a fait part des initiatives de son pays pour la plupart réunies au sein d’une démarche participative de gestion intégrée des zones côtières, associant réduction des gaz à effet de serre, élimination des déchets, développement de l’économie bleue, protection de la biodiversité et valorisation du patrimoine symbolisé par le célèbre cœlacanthe, ce poisson emblématique des Comores semblant surgi d’un autre âge.

Bel échange annonçant ceux attendus à Koror, capitale des Îles Palaos, pour la conférence « Our Ocean » les 13 et 14 avril prochains et du « One Island Summit » promis à Tahiti en 2023.

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